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MARTIN, Jean (2022) : Hugo Clément – Journal de guerre écologique (Paris, Fayard 2020) 

La crise sanitaire a remis sous les projecteurs les enjeux liés au commerce des animaux sauvages, une pratique très ancienne dans la plupart des sociétés humaines. Le commerce de l’ivoire a précédé celui de l’or, les pharaons s’affichaient déjà au côté d’espèces exotiques, et le commerce d’animaux pour alimenter les arènes romaines a mené à l’extinction locale de nombreuses espèces.

Hugo Clément est un journaliste (jeune, né en 1989), remarqué et parfois critiqué pour ses prises de position vigoureuses et l’absence de crainte de « défriser » personnalités ou entreprises. Il est végétarien et milite pour le bien-être des animaux.

Ce « Journal de guerre » illustre la nécessité pour lui de s’engager. C’est un travail journalistique, mais l’auteur est bien informé, il s’appuie sur des observations scientifiques, statistiques et rapports substantiels, joignant les données objectives au militantisme pour la planète.

Il raconte ses enquêtes avec une équipe (porteurs de micros et caméras), réalisées entre début 2019 et début 2020 (surgissement de la pandémie). Le premier récit traite des accumulations de déchets (venus en majorité d’Occident) en plusieurs points de Java et au Bangladesh (« Je me suis rendu dans beaucoup de lieux peu recommandables, Dacca est ce qui se rapproche le plus de l’enfer »). Puis, au Ghana, dans ces amoncellements, la recherche par des déshérités de fragments de cuivre et autres métaux – avec des pollutions sévères des denrées alimentaires produites localement. La pêche illégale, mafieuse, au Mexique (Basse Californie) au totoaba, gros poisson dont la vessie natatoire aurait des vertus miraculeuses très appréciées en Asie. Dans le même registre et dans plusieurs coins du monde, la pêche extensive d’espèces de requins dont l’aileron est aussi très recherché en cuisine. Il y a de tels massacres près de nous : ainsi la tradition aux Iles Féroé de la grande « mise à mort annuelle des baleines » (des globicéphales, cétacés curieux qui se laissent aisément approcher).

En France : les efforts de protection de la grande forêt diversifiée de Montmain dans le Morvan, s’opposant à la poursuite de coupes rases pour planter du pin Douglas (lucratif à court terme mais au grave détriment de la biodiversité). Dans le Jura (cela concerne aussi la Suisse), Clément a suivi les bénévoles qui veulent protéger le lynx de ses adversaires explicites et braconnants… on ne sera pas surpris qu’il s’agisse en bonne partie de chasseurs.

Un grand chapitre sur des investigations au Svalbard, archipel sous administration norvégienne dans l’Arctique, où le réchauffement est deux à trois fois plus rapide qu’ailleurs. Et, sous un autre climat, en Australie, l’opposition des aborigènes et des écologistes à la politique pro-charbon et climato-négationniste du premier ministre de l’époque, Scott Morrison, favorable à la création d’une nouvelle grande mine de charbon par une multinationale indienne.

Dans la conclusion : « Oui, je suis convaincu qu’il est encore possible de faire quelque chose. Je reste confiant que, poussée par les jeunes générations, notre société peut aller vers un monde plus respectueux du vivant. Des initiatives fleurissent à chaque coin de rue pour imaginer le monde de demain ». Et de rappeler ce que sont les mesures judicieuses et nécessaires. Conseils que nous connaissons tous maintenant, que donnent les pouvoirs publics aussi. Savoir si nous changerons assez et assez vite est LA question. De toute manière, il est trop tard pour se contenter d’être pessimiste.

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Version pdf: Article – Hugo Clément – Journal de guerre écologique

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