Historique

Formellement constituée le 12 juillet 1995, la Fondation Biosphère et Société trouve son origine dans la constitution du groupe d’intellectuels suisses, principalement romands et genevois qui lança, en 1978, l’Appel de Genève contre le surgénérateur de Creys-Malville et la société du plutonium, puis se constitua en une association de droit suisse sous le nom d’Association pour l’Appel de Genève (APAG). Le titre même de cette association énonce clairement que l’option technologique qu’elle combat masque un redoutable choix de société, c’est-à-dire une décision politique fondamentale prise par les gouvernants à l’insu de l’immense majorité des citoyens.

Aussi cette association eut-elle inévitablement des activités éditoriales comme l’attestent sa publication, en 1981, du Livre jaune sur la société du plutonium, aux éditions de la Baconnière, à Neuchâtel, sa participation à la parution, en 1984, de l’ouvrage opposant partisans et adversaires de la filière surgénératrice Energie et société. Les surgénérateurs, vrai ou faux problème ?, sous l’égide de l’Institut national genevois, enfin la parution en 1988 et 1989 de sept numéros d’une revue en principe trimestrielle intitulée, la Gazette de l’APAG. Si même ces publications sont centrées sur la filière surgénératrice, elles tendent à replacer cet avatar de l’“Atome pour la paix” dans l’évolution de la politique énergétique des Etats d’Europe occidentale et cette évolution dans son interaction avec l’environnement.

Cette orientation est à l’origine du lancement en 1990, par le même groupe d’universitaires suisses romands d’une nouvelle publication, en principe annuelle, intitulée Stratégies Energétiques, Biosphère et Société, (SEBES), aux éditions Georg, dont le premier numéro, consacré à la problématique “Le nucléaire contre l’effet de serre ?” affichait significativement, comme sous-titre Gazette de l’APAG! L’éditorial de ce premier numéro était signé par Charles Enz, professeur de physique théorique à la Faculté des sciences de l’Université de Genève, Joel Jakubec, pasteur de l’Eglise réformée de Genève et Ivo Rens, professeur à la Faculté de droit de l’Université de Genève. Les sept numéros subséquents de ce périodique confirment l’approche très critique de la technologie nucléaire et très favorable à l’alternative solaire, dans la perspective des politiques énergétiques disparates d’une humanité en voie d’explosion démographique et d’une biosphère de plus en plus dégradée.

Anticipant de quelques années la décision prise par le Gouvernement français en 1997-1998 d’arrêter définitivement le SuperPhénix, actuellement toujours en voie de démantèlement, les initiateurs de SEBES (*) auxquels se joignit M. Pierre-Yves Balavoine, le patron des Editions Médecine et Hygiène et Georg, décidèrent en juillet 1995 de constituer une fondation de droit suisse, la Fondation Biosphère et Société. On relèvera que du titre de cette fondation disparaissaient non seulement la surgénération et le nucléaire, mais même la référence à l’énergie pour se centrer désormais sur la biosphère, terme créé en 1875 par le géologue autrichien Eduard Suess et illustré par l’ouvrage éponyme de Vladimir Vernadski publié en russe en 1926 et en français en 1929.

Pourtant dans l’annuaire de SEBES de 1998 intitulé Radioprotection et droit nucléaire, la Fondation Biosphère et Société témoigne de son intérêt persistant pour les effets des radiations nucléaires sur le vivant en publiant un vaste compendium de textes y relatifs dont une étude magistrale de Roger Belbéoch, physicien nucléaire français, analysant de façon critique de rôle de la Commission internationale de protection radiologique (CIPR) et ses normes internationales de radioprotection. Ce document, depuis lors souvent cité dans la littérature scientifique, témoigne de l’intérêt soutenu de la Fondation Biosphère et Société pour la face obscure du nucléaire.

A la fin du siècle dernier, la Fondation Biosphère et Société dont l’équipe était trop restreinte et les moyens trop limités pour animer une publication interdisciplinaire périodique décida de se transformer en collection des Editions Georg, à Genève. Dans cette collection parurent entre 2000 et 2017 sept ouvrages dont on trouvera titres et auteurs sous la rubrique “Publication” du présent blog. Par accident, peut-on dire, un des principaux ouvrages qu’elle publia le fut dans une maison d’édition parisienne. Mais, dans l’ordre intellectuel, cette collection resta fidèle à l’orientation prise par SEBES, aux éditions Georg, dès 1990.

Ivo Rens

Juillet 2018

(*) Pierre-Yves Balavoine (M&H et Georg), Lucien Borel (APAG), François Burnier (APAG), Joel Jakubec (APAG), Philippe Lebreton (FRAPNA), René Longet (SPE) et Ivo Rens (APAG).